Maurice, des fois, ça rime avec artiste.

Publié le par Adj

Ce soir, c'est nocturne aux Galeries du Grand Palais. On expose "L'Art et la Mélancolie". Faire le tour de la mélancolie à travers les âges et les supports, voir des tas de gens qui tirent la gueule, voilà qui devrait faire oublier tous ses soucis informatiques à Maurice. Comme on dit, on a toujours besoin d'un plus malheureux que soi.

L'expo commence dehors et il fait froid. Maurice aime pas ça. Il ne cesse de sautiller pour voir si la queue avance. Mais il y a un portique à passer et ça prend du temps. Vider ses poches dans son sac, le tendre à un agent qui ne l'ouvre pas, passer le portique et récupérer son sac, c'est pas facile facile. D'ailleurs du côté des visiteurs, on peut noter de nombreuses hésistations sur le déroulement des opérations.

La principale attraction de cette première partie est incontestablement Miranda. Elle se pavane dans une robe entièrement réalisée en lamelles de métal et entraine le portique dans un solo de BIPS endiablé.

Hélas, Maurice ne peut pas pleinement profiter du spectacle. Sa contemplation est perturbée par Jean-Marc qui vient de le percuter.

Jean-Marc il est au téléphone avec son fils et forcèment dans cette situation, c'est pas évident de voir où va. Surtout quand on est immobile.

"Je suis en train de lire le Figaro. Il y a ta photo. Tu sais celle avec Sarkozy et les autres jeunes. Ils font un article sur les gens qui adhèrent à l'UMP. C'est dingue, pour une fois que achète ce journal, t'es dedans."

La visite de Maurice progresse. Il contemple des oeuvres antiques dont un magnifique bronze représentant Ajax juste avant son suicide.

"Allo, oui je suis au Grand Palais, je viens d'apprendre un truc incroyable". Jean-Marc, le joyeux luron, est à nouveau au téléphone. "Je viens de découvrir un mot : acédie ? Ca veut dire paresse. Et ben l'adjectif c'est Assedic !"

Maurice regarde un tableau représentant l'éruption du Vésuve. La visite guidée le rattrappe. "Alors là c'est le Vésuve. Et il est en irruption."



Maurice s'écarte. Il observe Herbert dans son coin. Herbet, c'est un marrant. Son boulot c'est Gros Homme, ça consiste à rester assis et à faire la gueule.


On tire Maurice par le bras. A l'oreille, c'est Jean-Marc, l'appareil photo au poing, il fait le ménage pour pouvoir immortaliser Herbert tranquillement.



Maurice se rend compte que son lacet est défait. Il pose son pied sur un polyèdre en platre. Maurice se fait vider de l'exposition.

Jean-Marc entame l'ascension du grand escalier de marbre. Dans sa main, un sandwich rillettes qu'il vient de sortir de son sac. Dans l'autre, son téléphone. Jean-Marc est obligé de parler fort à cause de sa bouche encombrée. Il ne s'apperçoit même pas qu'une feuille de salade vient de glisser de son sandwich.

Jean-Marc a glissé, il est seul, vautré dans le grand escalier, la mélancolie l'envahit.

Publié dans Sorties culturelles

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A
Ah j'y songe, mais il faut déjà que je trouve une Mauricette (non chanteuse si possible) à Maurice.
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S
Ah, douce mélancolie. <br /> <br /> C'est sympa d'avoir encore le temps de se culturer. En même temps, j'imagine Maurice avec deux gamins, ça pourrait être drole aussi ;)
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